This article studies intermedial combinations that characterized Radio-Canada’s early 1950’s television plays, by analyzing the works of three tv writers mostly known for their non-television career: Hubert Aquin, Claude Jutra and Marcel Dubé. We will first see that the author Hubert Aquin, hired as a radio director in 1954, quickly became familiar with the television media by developing in his first teleplay Histoire d’amour (1955) a certain sensibility to the dramatic qualities of the small screen. Secondly, we will observe that Claude Jutra used most of his film knowledge in his screenplay L’École de la peur, broadcasted by CBFT in 1953, making his television drama a work mostly determined by cinematographic properties. Finally, among the dramatics that Marcel Dubé submitted to television treatment, we will analyze more specifically Chambre à louer, composed in 1953 and adapted by Louis-Georges Carrier in 1954, studying the changes that the director made to the text while transposing it to the television format. In light of our observations on Radio-Canada’s early teleplays, we will notice that radio-canadian television fictions developed in partnership with several forms of expression, contributing in creating the emerging Québec television a composite medium, at the boundaries of theater and cinema.
Cet article se penche sur les mélanges intermédiaux qui ont caractérisé les téléthéâtres radio-canadiens du début des années 1950, par l’analyse des œuvres de trois télédramaturges surtout reconnus pour leurs carrières extra-télévisuelles: Hubert Aquin, Claude Jutra et Marcel Dubé. Nous verrons dans un premier temps qu’Hubert Aquin, écrivain de «profession» embauché à la SRC en 1954 en tant que réalisateur à la radio, s’est rapidement acclimaté au média télévisuel en développant dès l’écriture de son premier téléthéâtre Histoire d’amour une sensibilité certaine envers les qualités dramatiques du petit écran. Nous constaterons ensuite que dans son scénario L’École de la peur, diffusé à CBFT en 1953, Claude Jutra déploie l’essentiel de son savoir filmique, faisant de ce téléthéâtre une œuvre aux caractéristiques écraniques affirmées. Enfin, parmi les nombreux textes dramatiques que Marcel Dubé a soumis au traitement télévisuel, nous analyserons plus particulièrement Chambre à louer, œuvre composée en 1953 et adaptée par Louis-Georges Carrier en 1954, dont nous étudierons les transformations et les «gauchissements» que lui a fait subir le réalisateur lors du passage au média télévisuel. À la lumière de nos observations sur le téléthéâtre des premiers temps, nous constaterons que les fictions télévisuelles radio-canadiennes se sont développées dans les plates-bandes partagées de plusieurs médias, concourant à faire de la télévision québécoise naissante un lieu d’expression composite, aux frontières du théâtre et du cinéma.